CHANSON DOUCE : le film...

J'ai lu le livre, de Leïla Slimani (sans doute l'un de mes articles les plus partagés… ), et en voici le lien : http://la-vie-en-rose-avec-un-peu-de-gris.over-blog.com/2018/03/addictif-et-pourtant-je-me-mefie-des-prix-goncourt-et-autres-prix.html
Pour autant, je n'ai pas voulu lire un seul commentaire au sujet de l'adaptation cinématographique, afin de n'être en rien influencée…
L'HISTOIRE :
"Paul et Myriam ont deux enfants en bas âge. Ils engagent Louise, une nounou expérimentée, pour que Myriam puisse reprendre le travail. Louise se montre dévouée, consciencieuse, volontaire, au point que sa présence occupe une place centrale dans la famille. Mais très vite, les réactions de Louise deviennent inquiétantes… "
MON AVIS :
Je devrais presque dire "mes avis", ou plutôt, les différents angles sous lesquels j'ai vu ce film :
- celui de la comparaison avec le livre, et si souvent, je trouve la plupart des adaptations plutôt réussies, cela n'a pas été le cas de ce film : en effet, il est loin de retranscrire toutes les nuances qu'on trouve en lisant l'histoire… laquelle a d'ailleurs, au passage, et sans doute pour que l'ensemble "passe mieux", subi quelques modifications.
- les modifications : ajouter des éléments montrant clairement la psychose de la nounou est, à mon sens, une bonne idée. C'est peut-être même ce qui manque au livre (où il n'est pas question, par exemple, d'hallucinations visuelles… mais plutôt de pressions du propriétaire du pauvre logement de la nounou… ).
- sont par contre totalement ratées : bon nombre de scènes qui se veulent angoissantes (lorsque la nounou se cache trop longtemps, par exemple… ou bien, lorsque Myriam découvre la carcasse du poulet… ), scènes assorties d'une musique terrifiante qui ne convient pas, qui les rend au contraire peu crédibles, et c'est dommage… ceci, malgré l'excellent jeu de Karin Viard.
- au sujet de la reprise du travail par Myriam, la mère : ce n'est sans doute pas volontaire, mais le film montre à quel point il ne s'agit pas, pour la mère, de "s'épanouir" dans son travail, mais plutôt de s'y aliéner : car en effet, autant on voit son mari, Paul, très souvent détendu et jouant avec les enfants, autant on ne voit la mère que sous l'angle du stress, travaillant sans relâche devant l'ordinateur… y compris, bien sûr et surtout, à la maison… Alors, même si le film ne prétendait sans doute pas montrer cela, il le fait malgré lui.
- intéressant également, et bien rendu : ce presque phénomène de société, cette difficulté qu'ont les jeunes parents à quitter le doux cocon de la post-adolescence prolongée pour entrer dans une vie de famille, avec toutes les contraintes que cela comporte… (fallait-il pour autant, montrer le couple (enfin, ici surtout la mère des deux enfants… ) fumant un joint pendant que les enfants sont gardés par la nounou ?).
- une autre faiblesse de ce film : on ne ressent pas vraiment la montée de l'angoisse, certaines scènes étant artificielles, et surtout, c'est un peu comme s'il manquait "des pans de l'histoire", ceux qu'on trouve dans le livre, et qui le rendent addictif. Je me suis même demandé si, sans avoir lu le livre, je ne me serais pas ennuyée tant la tension manque…
- pour finir, on constate que le film, contrairement au livre, ne montre pas de suite la fin. On peut alors voir ceci comme une force, le film manquant d'une certaine dimension dramatique : la fin tragique peut alors, un peu, sauver l'ensemble, qui sans être foncièrement mauvais, est tout de même partiellement décevant.